lundi 12 septembre 2011

Mon requisitoire contre tout detournement de suffrages

MON  REQUISITOIRE  CONTRE  TOUT    DETOURNEMENT  DE  SUFFRAGES.
Le dimanche 26 février 2012, se tiendra au Sénégal, l’une des élections présidentielles les plus disputées de son histoire politique, après quarante années de règne sans partage de la paresseuse oligarchie Socialiste et plus d’une décennie de gouvernance informelle du vieux renard et « bienfaiteur » inégalé de Kébémer.
Justement parlant d’élection et plus précisément de pouvoir, un des moyens de conquête de celui-ci se trouve être les medias, d’où l’intérêt stratégique accordé par les différents acteurs politiques à ces relais d’opinion durant cette période.
 Il s’agit donc pour ces « entrepreneurs » politiques et leurs « conseils d’administration de campagne », de mettre en œuvre toutes leurs intelligences afin de pouvoir répondre brillamment à la question de savoir : comment faire pour séduire et s’octroyer les suffrages des votants afin d’obtenir le pouvoir et le conserver?
C’est ainsi que la  communication électorale se déploiera et visera à ce propos  à faire élire un des acteurs politiques au sein de la rude concurrence d’où la naissance d’une véritable rhétorique de représentation des candidats. L’intérêt pour ces « architectes chevronnés du destin » de se livrer à  un véritable  combat de gladiatores dans le colisée pour la conquête du diadème se révèle donc  incontestablement sans pitié.
Il est question principalement  pour ces rabbins professionnels de la politique  durant cette période consacrée par le code électoral, d’agir sur la perception du public sénégalais des événements, des personnes, des enjeux, de façon à les enivrer, les endormir, les endoctriner, les embrigader et à les faire penser et agir dans un sens qu’ils auront précisément voulu. Et ce phénomène a connu son accroissement ou du moins une large diffusion avec l’avènement et la floraison des medias de masse qui ont connu leur libéralisation avec  la loi 96-04 du 22 février 1996.
Pour les auteurs de cette forme de communication, le travail consiste à faire adhérer à des choix d’opposition par la construction d’héros négatifs de la communication, avec  la pure fabrication d’un Sarcophilus Harrisii, d’un Jean Michel Kankan, d’un Jack L’éventreur, d’un escroc du siècle ou d’un  Ali Baba temps modernes, qui suscitent le rejet, l’ironie, la haine, le mépris et l’indignation. C’est le moment idéal des attaques « ad hominem » et des agissements en « bête ».Les politiques passent loups. Et les fusillades verbales et autre boucheries oratoires consacrent le triomphe de la realpolitik et le requiem pour la vertu et ses sœurs que sont l’éthique et  la morale.
Elle diffuse ainsi  sous forme de spectacle, les parcours tortueux, les fautes, les erreurs, les propos d’hier. Et l’on n’hésite guère à creuser et fouiller dans le passé et même jusqu’à  la vie privée des adversaires pour ces « animaux politiques » et leurs capitaineries, qui se livrent à une vendetta médiatique sans complaisance pour la conquête de l’appareil d’Etat. Et cette  propagande négative durant la campagne électorale est particulièrement marquée par la fureur brutale des passions follement partisanes, l’aphonie et l’effacement de la raison, la quasi immunité et la violence verbale presque légitime que ces « lutteurs » s’attribuent au sein de l’arène politique.
Ceci s’explique par la raison principale qui se trouve être, qu’il serait naïf pour certains  de croire que la campagne électorale est seulement organisée et encadrée pour la conquête des suffrages des électeurs, mais de se persuader que c’est aussi la lutte contre les influences des adversaires sur ces mêmes électeurs. « Celui qui crée l’ascension de l’autre, crée sa propre chute », tel disait l’enfant de Florence et ami de Laurent de Médicis, Nicolas Machiavel en 1515. Et cette vielle loi de la Science Politique est une leçon excellemment sue au Sénégal par tous les prétendants au fauteuil présidentiel. Et dans le contexte où l’enchainement des meetings, la succession des discours politiques et la multiplication des rencontres deviennent rapidement routiniers et très banals, les acteurs n’hésitent guère à chercher rupture avec la monotonie nuisible à leurs images et en venir aux phrases assassines, aux propos diffamatoires et calomnieux, à la diabolisation, aux déclarations fracassantes et scandaleuses pour jeter le discrédit et l’anathème sur leurs concurrents. Et c’est là, une acclimatation électoraliste de la théorie classique des jeux à sommes nulles de John Von Neumann et d’Oskar Morgenstern.
Cette communication combien regrettable trouve sa bonne base historique au pays de SENGHOR. Et  l’on se souvient à ce propos des personnages comme « Laye Ndiombor » pour qualifier l’extrême ruse de l’octogénaire du Sopi. De « Moussé Forage » et « Madame Moulin » pour désigner l’infimité des ambitions du couple DIOUF dans la vaste « tromperie » du monde rural pour capter leurs suffrages, de « Fantômass », nom attribué à Maitre WADE aux fins d’une certaine diabolisation. L’affaire du sacrifice des albinos, façon de démontrer l’inhumanité, la froideur et le cynisme des rivaux est encore fraiche dans nos mémoires. Et depuis le 14 juillet, c’est « Waxxe Waxxéét » qui fait triste florès, sans oublier l’ignoble affaire supposée «d’infiltration du M23 par des lobbies homosexuels et maçonniques».
Et ces comportements épizootiques  ont presque fini d’installer une personnalisation achevée des campagnes électorales, ceci au détriment de « Mayaacine ak/et Diaal» et leur famille dans leur fouille crématoire de pitance.
C’est véritablement l’occasion de dénoncer ce détournement psychologique des suffrages, qui constitue un véritable frein à la légitimé démocratique. En effet cette forme de communication politique désoriente et détourne les suffrages des électeurs, car purement fondée sur le choix d’un individu et non celui d’un véritable projet de société. Et à ce propos le peuple Sénégalais doit exiger pour février 2012, de vrais programmes capables de créer un décollage économique de la cité et les conditions d’une bonne République, et dire non à toute tentative  de divertissement. Les partis politiques, pouvoir comme opposition, mais aussi les différents candidats indépendants, sont donc, au même titre interpelés pour inventer des pratiques innovantes, face à une population qui a totalement épuisé tous tests d’endurance et complètement exaspérée par une économie corrompue et comateuse dans tous les domaines et l’inexistence totale de perspectives sociales. Si bien sur, on veut éviter l’installation d’un pouvoir exécutif en sursis. Cette campagne ne verra son intérêt pour les populations Sénégalaises, que si véritablement les différents aspirants à la magistrature suprême sont incontestablement porteurs de projets de sociétés irréprochables. De programmes suffisamment différents et cohérents les uns des autres pour offrir une véritable alternative et dont le jugement est laissé à l’intime conviction du Peuple Sénégalais, seul Souverain dans le choix de ses propres gouvernants.
Pathé BA. Conseiller Juridique-Chercheur en Science Politique UCAD.
http://patheba.blogspot.com

jeudi 8 septembre 2011

Retour sur autopsie des racines du mal guinéen

20 juillet 2011 |

Ahmed Sékou Touré
Retour sur autopsie des racines du mal guinéen
Un demi-siècle d’indépendances n’a pas suffi à une « certaine Afrique » de se soustraire des projecteurs de l’actualité internationale, du fait d’un système jusqu’à nos jours réfractaire à la démocratie.

Les armées africaines conçues pour assurer la défense et asseoir l’autorité du pouvoir sont plus que jamais menaçantes pour la stabilité. Ces armées à l’origine des crises sont issues des mouvements de libération, des guerres d’indépendances, des transitons entre le pouvoir colonial et le pouvoir national.
Cette instabilité est souvent constatée dans certains pays francophones d’Afrique ou l’indépendance fut arrachée ou qui se dotent brusquement des armées populaires à la suite de changement de régime politique et d’orientations idéologiques et c’est précisément le cas de la Guinée, qui est partie du désordre comme instrument politique.
Vaste de plus de 245.857 km2, la Guinée est bordée par la Guinée Bissau au Nord-Ouest, le Sénégal au Nord, le Mali au Nord-Est, la Côte d’Ivoire à l’Est, le Liberia et la Sierra Leone au Sud-Ouest. C’est un pays géographiquement entouré d’un cercle de feu.
Les deux tiers du pays sont montagneux et bénéficient d’une pluviométrie abondante et régulière ainsi qu’un réseau hydrographique exceptionnellement puissant et équilibré. Ce « château d’eau » de l’Afrique de l’Ouest compte 85 °/° de musulmans. Ce pays qui a accédé à l’indépendance le 2 octobre 1958 a un grand potentiel de réussite. Mais depuis son accession à l’indépendance, la Guinée est jalonnée de coups d’Etat, de mutineries et de tensions ethniques que les sévères afro-pessimistes seraient tentés de dire que Cham, le fils maudit de Nohé, serait originaire de ce pays.
Ainsi la plupart des chefs d’Etat qui se sont succédé au pouvoir ont utilisé les armées pour se maintenir au pouvoir, ce qui du reste les éloigne de leurs missions premières. Elles sont souvent chargées d’assurer la longévité du pouvoir en place et elles n’ont qu’une tâche répressive à l’encontre des pauvres populations et des opposants.
Le principe d’égalité devant le service public qui assure la fonction d’intégration sociale est violé car les soldats sont recrutés en fonction de leur appartenance ethnique et régionale afin d’avoir des « militaires marionnettes ».
Laissés à eux-mêmes, les simples sous officiers et hommes de troupe se livrent à des scènes de pillages, de rackets, d’émeutes et de mutineries pour survivre ou exiger leur dû. Les principes fondamentaux qui caractérisent l’armée républicaine à savoir la hiérarchie, la discipline, la loyauté, la rigueur disparaissent, ce qui laisse la place à l’allégeance aux politiques qui s’érigent en véritables seigneurs distributeurs de galons.
Dans ce contexte, et dans le but de combattre les inégalités, naissent dans l’esprit des quelques rares officiers issus des régions et des ethnies oubliées des idées de révolte et de coup d’Etat.
Ainsi, à partir de la mort de Sékou Touré en 1984, l’ex Sergent de l’armée française, Lansana Conté, a pris le pouvoir le 3 Avril 1984 par coup de force ayant trait à un coup d’Etat. Il assure comme un fidèle héritier de ce dernier la continuité de son régime dictatorial. Mais Conté fut confronté au mois de juillet 1985 à une tentative de coup d’Etat avorté perpétré par les forces armées guinéennes. Par prudence, il procède à l’exécution de ses compagnons de lutte pour s’assurer une malgouvernance sans souci majeur.
En 1990, il fait réviser la Constitution pour proclamer un multipartisme de façade et mieux asseoir son régime ethno-clanique et mafieux. Ainsi il gagne les élections avec 96 °/° des suffrages en 1993. En 1998, il se fait reélire tout en arrêtant son principal rival Alpha Condé, le principal favori auxdites élections. Malgré le boycott de l’ensemble des opposants, il se fait réélire encore une nouvelle fois en 2003.
Les facteurs qui risquent à court terme de déstabiliser la Guinée trouvent leurs racines dans les antagonismes ethniques fortement intériorisées par son armée, qui n’hésite jamais à freiner le processus démocratique. En effet, les références ethniques sont l’un des principaux déterminants de la vie politique et publique en guinée. A l’origine même de la vie politique en Guinée, il y a eu des groupements ethniques et régionalistes : l’Union du Mandé, l’Union forestière, l’Union de la basse Guinée, le Fouta Djalon, l’Union des Métis.
Depuis le régime tyrannique de Sékou Touré en passant par Conté et le CMRN, les pratiques politiques sont restées les mêmes. Toutes les conditions d’une profonde crise sont réunies : chômage, alcoolisme, corruption, développement du phénomène narcotrafiquant aggravé par ses frontières poreuses avec sa voisine, la Guinée Bissau, banditisme militaire, gabegie des dirigeants, prostitution et trafic d’armes. En effet l’histoire récente de ses voisins, le Liberia et la Sierra Leone, a entraîné une prolifération des armes légères qui échappent aux autorités guinéennes.
Ainsi à l’annonce de la mort du vieux dictateur malade Lansana Conté, un jeune Capitaine du nom de Moussa Dadis Camara s’empara du pouvoir le 23 décembre 2008. Mais les problèmes de ce pays riche et pauvre à la fois furent aggravés par les massacres du 28 septembre 2010 dans le grand stade de Conakry faisant plus de 150 morts et des centaines de femmes violées selon les Nations Unies.
Et le Président Blaise Compaoré qui sait profiter des occasions qu’elles soient bonnes ou mauvaises, fut nommé par la CEDEAO comme médiateur de la crise. Il produit le projet d’Accord de Ouagadougou du 20 novembre 2009 qui, du reste, était rejeté par les forces vives qui exigeaient la non participation de Dadis Camara aux élections. Mais entre temps, le Capitaine fougueux et bavard reçoit une balle venant d’Aboubakry Diakité dit « Toumba » dont il voulait se servir comme bouc-émissaire devant l’arrivée des enquêteurs internationaux.
Ces rebondissements tragiques font monter le très timide Général Sekouba Konaté à la commande qui accepta ces accords avec la nomination le jeudi 21 janvier 2010 de Jean Marie Doré de l’Union Pour le Progrès de Guinée (U.P.G.), comme Premier ministre de la transition chargé d’organiser des élections libres et transparentes. Ce qui mènera à l’élection de l’opposant historique Alpha Condé en novembre 2010, comme premier président de la République démocratiquement élu de la Guinée. Après seulement quelques mois au pouvoir, Condé vient juste d’échapper, dans la nuit du lundi 18 au mardi 19 juillet 2011, aux coups d’artillerie du Général Nouhou Thiam et compagnie, tout en tempérant avec ses termes de « tentative d’assassinat » à la place de coup d’Etat.
Au vu de cette tragédie qu’a connu et que continue de connaitre la Guinée, il nous semble que toutes mesures venant aussi bien de la part de la communauté internationale que des politiques internes qui ignorent fondamentalement les données militaires donneraient naissance à de nouveaux coups de force sans parler des troubles internes qui risquent de surgir à tout bout de champ et au moindre étincelle.
Et à ce propos, les institutions financières comme le FMI et la Banque Mondiale devraient aider ce pauvre pays à trouver les voies du développement économique. C’est aussi le rôle de l’ONU, l’Union Européenne, l’Union Africaine, la CEDEAO, et les partenaires de la Guinée comme la France et les Etats-Unis, bref de la communauté internationale, de veiller de près aux respects de l’Etat de droit de la démocratie tout en aidant à la promotion du commun vouloir de vie commune pour paraphraser Renan.
Ainsi la communauté internationale doit aussi travailler au soutien de la Guinée dans une véritable refondation de l’armée guinéenne en insistant davantage sur la formation mais aussi en formatant la psychologie du soldat guinéen dans le respect de l’Etat de droit, de la démocratie, la défense de l’intégrité territoriale et au respect des civils. Bref, il faut batailler pour l’existence d’une véritable armée nation en Guinée Conakry.
Pathé BA - Conseiller Juridique-Chercheur en Science politique
Email : pathebateps@yahoo.fr

Une presse prisonnière de son droit

5 juillet 2011 | A la tribune de Ferloo

Un kiosque à journaux à Dakar
« Une presse prisonnière de son droit »
Avec une alternance démocratique réussie le 19 mars 2000, notre pays avait réussi à se hisser dans le petit cercle africain de pays calmes et démocratiques, même si aujourd’hui cette renommée lui est contestée avec l’élection présidentielle du 25 février 2007 dont la fin du processus a été un véritable fiasco. Ajoutez à cela, le boycott des élections législatives de 2009, dont on ne peut se targuer.

Cet acquis dont la nostalgie commence à s’installer, n’a été possible que grâce à la conscience démocratique de ses gouvernants mais aussi d’une population naturellement éprise de paix et de justice, imprégnant ses valeurs à une presse multiple et vivace qui joue sans discontinuité son rôle de contrôle, de contre-pouvoir, bref de sentinelle de la démocratie, dans un parfait professionnalisme et le respect de l’éthique et de la déontologie.
Mais cette médaille n’est pas sans revers, qui s’exprime sous la forme d’un bouillonnement médiatique, faisant même parler d’une presse partisane ou à scandale. C’est ainsi qu’au moment ou certains organes naissent, d’autres font leurs tristes adieux, par le moyen de sanctions d’infraction comme l’injure, la diffamation, diffusion de fausses nouvelles, violation de la vie privée, etc. suscitant dès lors chez toute personne soucieuse de la bonne marche de notre démocratie et de la protection des libertés publiques et particulièrement de la liberté d’expression, le reflexe de s’interroger sur la pertinence de certaines dispositions du droit de la presse sénégalaise
A ce propos, le Sénégal à l’instar de bon nombre de pays africains, s’est inspiré de la vielle loi française du 29 juillet 1881 sur la liberté de la presse et sur d’autres instruments internationaux comme la charte africaine des droits de l’Homme ou la Déclaration de Munich de 1971.
Dans le souci de consolider cette garantie constitutionnelle consacrée à l’article 10 de notre charte fondamentale, qu’était intervenue la loi 96-04 du 22 février 1996 relative aux organes de communication sociale et aux professions de journalistes et de techniciens de la communication.
Au regard des dispositions de cette loi, on constate qu’un véritable problème d’effectivité dans l’application du droit des medias se pose et il n’est point nécessaire d’être juriste, sociologue des media ou acteur du monde de la communication pour se convaincre de ses nombreux déboires. En effet, du fait de ses références à une loi française vétuste et obsolète qui comporte beaucoup d’aspects répressifs conférant aux journalistes plus de devoirs que de droits, cette législation se révèle contraignante et dépassée par l’évolution du monde.
C’est peut-être, la raison principale qui explique que les délits de presse soient sévèrement sanctionnés. Il s’agit principalement des délits de presse portant atteinte à la chose publique et ceux qui concernent les particuliers ; pour les premiers, il s’agit de l’offense au chef de l’Etat prévue par l’article 254 du code pénal qui ne donne aucune définition précise de l’infraction précitée et les journalistes maliens, du fait de la communauté d’héritage juridique, en ont fait les frais il y a quelques années, avec l’affaire dite de « la maîtresse du président », ce qui confirme qu’en Afrique pour une affaire anodine, un journaliste peut se retrouver devant le Temple de Thémis et finalement atterrir en prison.
Le droit tend le même piège aux professionnels de la communication dans la diffusion de fausses nouvelles prévue à l’article 155 du code pénal qui renferme les mêmes imprécisions pouvant constituer un sérieux recul pour le journalisme d’investigation.
Pour les délits de presse portant atteinte aux particuliers, citons tout simplement la diffamation, dont les condamnations sont plus spectaculaires avec le renversement de la charge de la preuve qui n’est guère libre, au regard des dispositions de l’article 414 du code de procédure pénale institué par la loi 65-61 du 21 juillet 1965 qui en pose le principe de la liberté.
Cette remarque, du point de vue législatif, est doublée de nombreuses crises que connaît actuellement le Sénégal avec l’augmentation des prix des denrées de première nécessité qui a fini d’asphyxier les populations, sans oublier les problèmes d’éducation, de mobilité, de santé, de sécurité, de salubrité, le pillage des ressources publiques, ensemble de problèmes qui ont largement contribué à la réussite des manifestations du 23 juin 2011 mais aussi des émeutes dites de l’électricité. Etant républicain, on ne peut qu’être ébaubi face à la banalisation et au piétinement de nos institutions sans oublier les nombreuses tentatives de monarchisation. Ce qui du reste, n’est pas souhaitable pour un pays longtemps considéré comme une vitrine de la démocratie et de la stabilité en Afrique de l’Ouest.
Sous ce rapport, il y a de quoi s’alarmer face au retard d’un nouveau code de la presse plus souple et plus promoteur de la liberté d’expression et de l’entreprise de presse, dans la prise en compte de l’évolution des Technologie de l’Information et de la Communication. Si l’on sait que ces media sont aujourd’hui l’unique voix d’un peuple complètement perdu dans la pauvreté et la misère, ceci dans un contexte marqué par un manque de confiance en une opposition vieillissante, en carence d’inspiration et de courage politique.
Sans avoir la prétention d’être exhaustif, on pourrait se demander si l’arsenal législatif sénégalais dans le domaine de la presse ne constituerait pas une véritable menace pour la profession de journaliste.
En effet, ce sont entre autres les sanctions pénales et la violation flagrante des principes fondamentaux de la procédure pénale qui ont poussé certains acteurs à souhaiter l’orientation vers la dépénalisation des délits de presse qui apparaît comme une nécessité à la survie des entreprises de presse à la seule et unique condition que cette dépénalisation ne rime avec l’impunité synonyme d’injustice.
Pathé BA
Conseiller Juridique, Chercheur en Science Politique
Email : pathebateps@yahoo.fr